dimanche 3 mai 2009

Qui sont les cyber-journalistes ?

Voici une question pertinente qui fait l'objet d'un post sur le blog très intéressant de Florian Sauvageau, journaliste et avocat québecois.

Cet article a été rédigé par un autre journaliste, Benoît Michaud, à la veille du Congrès de la Fédération professionnelle des journalistes (4/12/08), que l'on aurait pu comparer à nos Etats généraux de la Presse si l'Etat français n'avait pas joué les entremetteurs et s'était abstenu d'intervenir dans les débats. Les journalistes québecois n'ont visiblement pas besoin d'être tenus par la main pour réfléchir à la situation de leur profession.



Bref, voici les éléments clés qui ressortent de cet article et que je me permets de reprendre ici-même :

" TYPOLOGIE DES JOURNALISTES QUI ABREUVENT INTERNET…

1) Le journaliste traditionnel copié-collé

Il livre sa marchandise pour le média traditionnel d’abord, même si Internet s’en servira.

Je le lis à travers les textes des journaux du matin repris par Canoe ou Cyberpresse. Je le retrouve aussi dans les textes d’agences de presse d’ici et d’ailleurs (en considérant les agences comme des sources traditionnelles).

En 2008, j’estime que ces bons vieux artisans se trouvent derrière 35% de l’information journalistique que je consomme sur Internet, les salles de rédaction traditionnelles étant plus peuplées que les nouvelles sections destinées aux petites équipes du web. Ils seront de moins en moins épargnés par la tendance des patrons à vouloir publier la nouvelle de plus en plus vite.

Depuis peu, cette compétition s’est installée entre les sites web des entreprises de presse qui, jusqu’à récemment, ne comparaient que leur journal du lendemain ou leurs grands bulletins à heure fixe.

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2) Le journaliste-rédacteur web

Plusieurs demeurent isolés du reste de la salle de rédaction, occupés à reformater inlassablement des textes et/ou à repiquer des segments audio et vidéo.

Ce sont ceux et celles dont Cyberpresse, Radio-Canada et LCN affichent rarement le nom.

Ils sont les auteurs de 30% de ma consommation de cyber-information. Ces journalistes de l’ombre devraient graduellement s’impliquer dans des tâches jusqu’à maintenant remplies par les « traditionnels » : maximiser l’usage du téléphone, se rendre sur le terrain, se consacrer à des enquêtes, etc.

Lorsqu’ils seront parfaitement fusionnés avec la première catégorie, ils représenteront environ 50% des cyber-journalistes dont je consulte les textes. Déjà, des salles traditionnelles et web se fusionnent, comme on l’a vu à La Presse / Cyberpresse. Chez Gesca, ce n’est que depuis cet automne que les exclusivités ne sont plus réservées au papier du lendemain matin.

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3) Le blogueur-vedette

C’est l’équivalent du columnist. Celui et celle dont les coups de gueule attirent l’attention et font réagir. Généralement associé à un grand média, il est plus influent que veulent bien le montrer certains palmarès de blogueurs qui ne tiennent compte que du nombre de liens entrants. Car ces blogueurs de premier rang sont moins enclins à diriger leurs lecteurs vers des références complémentaires sur le web, se privant ainsi des retours d’ascenseur.

Michel C. Auger et Chantal Hébert sont du nombre. Récemment, le légendaire Patrick Lagacé clavardait en direct avec sa camarade Michèle Ouimet pour réagir au débat des chefs québécois sur Cyberpresse, au fil des minutes d’empoigne entre les trois opposants.

Ces blogueurs sont derrière 20% de mes lectures en ligne. Leur importance est grandissante mais ils ne dépasseront probablement jamais les columnists et les chroniqueurs du papier. Même si Wired anticipe que la mode des blogues tire à sa fin, je prédis que les blogueurs-vedettes seront à l’origine de 25% des textes que je lirai sur le web en 2020. Un texte sur quatre viendra d’un Lagacé de ce monde.

À Radio-Canada, on les appelle les carnettiers et ils affichent une certaine retenue en raison des politiques journalistiques du diffuseur, favorisant l’impartialité.

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4) Le petit blogueur indépendant

Il s’agite strictement pour le web, souvent dans une niche trop spécialisée pour un journal papier. Ce journaliste adopte généralement la formule du blogue. Faute d’encadrement et de soutien, sa production peut manquer de constance et de moyens.

Ces carnets forment ce qu’on appelle « la longue traîne » des blogues de petite envergure qui marquent des points en s’adressant à une clientèle pointue.

Patrick White et Jean-Pierre Cloutier occupent cette catégorie. Malgré qu’ils soient seuls dans leur bulle virtuelle, ils sont respectés d’un lectorat qui traverse les frontières.

Ces Gaulois retiennent 10% de mon attention mais pourraient sûrement grimper à 20% dans une dizaine d’années, grâce à un engouement semblable à celui que créent les canaux spécialisés, les magazines spécialisés, etc. Les médias de niche. De plus, les probables mises à pied dans les grands médias inciteront quelques scribes à rebâtir leur univers et à se consacrer à un domaine spécifique…

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5) Le prolétaire multiplateforme

Rarement syndiqué, il peut travailler de très longues heures pour faire sa place au soleil, souvent en manipulant plusieurs instruments à la fois, du clavier à la caméra en passant par le micro. Souvent condamné à la réécriture des nouvelles, il fait partie de ceux qui alimentent les journaux gratuits.

Pour un jeune finissant en communication, c’est une belle école qui lui permet de se faire connaître plus largement que s’il était confiné à un média étudiant « d’autrefois » dont l’audience est plus restreinte. Le public devra cependant se montrer indulgent devant la qualité parfois réduite d’un reportage vidéo tourné sans encadrement, par exemple.

Les jeunes recrues du journal 24 Heures (web et papier) ainsi que les quelques artisans de Matinternet (Branchez-vous) font partie de cette tendance.

J’estime que 5% de ma cyber-consommation d’information repose entre leurs mains.

Ce chiffre devrait se maintenir dans les prochaines années car, malgré le succès de 24 Heures, d’autres organes comme Matinternet et Showbizz.net connaissent une période difficile depuis leur acquisition par Branchez-Vous.

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6) Le journaliste citoyen

Il s’improvise journaliste pour alimenter un blogue souvent partisan ou un site collaboratif comme CentPapiers… Il va rarement sur le terrain et ne tire généralement pas de revenu de ce hobby qui s’apparente parfois à l’action d’un pamphlétaire.

Les plus sérieux pourront éventuellement se hisser au rang de « blogueur indépendant » (ci-dessus). D’autres recevront un traitement royal des partis politiques en obtenant l’accréditation pour se mêler aux « vrais » journalistes dans la couverture de grands rassemblements et de campagnes électorales. Sont-ils ainsi récompensés pour leur allégeance avouée et leur propagande efficace?

Ce journalisme (ou pseudo-journalisme?), parfois pratiqué sans aucun souci d’objectivité et de respect des règles déontologiques, représente une fraction infime de mes lectures. La possibilité que s’y glissent des « spin doctors », des relationnistes et de sombres fumistes devrait continuer de me garder à distance de ces écrits.

Par contre, je vois en Wikipedia une réussite issue de la collégialité entre les internautes. Il m’arrive parfois même de cibler Wikipedia pour trouver une réponse. Toutefois, si c’est une nouvelle source prometteuse pour les journalistes (à utiliser avec prudence), ce n’est pas un produit journalistique en soi. "

1 commentaire:

Devidas Deshpande a dit…

je ne crois pas que journaliste citoyen peut faire quelque effet. Mais web journaliste est une de très nouveau média. Effectivement, c'est difficile de dire quelle impact web journaliste peux faire.